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Des couleurs pour des rires

differentes teintes pour la couleur du rire

Sans généraliser, j’imagine qu’on s’est tous, un jour, retrouvé face à une situation embarrassante et inconfortable. A devoir forcer un rire pour masquer notre malaise voire notre colère. Vous connaissez bien la couleur de ce rire. On parle de rire jaune.

 

On pourrait, par jeu, attribuer une couleur symbolique au rire en fonction de ses nuances et de son contexte. Mais c’est sans compter sur les variations d’époques et de civilisation. De l’antiquité à nos jours, les couleurs du rire se transforment, évoluent. Sauf pour deux couleurs bien distinctes. Le rire jaune et le rire noir.

 

Cet article sur la couleur du rire au fil des siècles est totalement imagin’eres.

Le rire jaune

Un rire forcé. Il traduit un malaise, une gêne ou une contrariété. Pas un rire d’amusement mais une réponse mécanique pour éviter de montrer un réel malaise. Mais pourquoi jaune me direz-vous. Depuis le moyen âge le jaune est associé à la trahison, la tromperie et l’hypocrisie. Mais également aux humeurs et à la maladie. La culture médiévale habille Judas en jaune (et il aurait eu les cheveux roux (arrrgggghhh double peine pour Judas)).*

 

Le rire noir

Le rire est perçu par l’église médiévale comme dangereux, associé au diable et à la folie. C’est une forme de rire amer, cynique et désabusé. Souvent associé à l’humour noir, il tourne en dérision la mort, la souffrance, la misère et d’autres tabous. Le rire noir apparait dans les farces et fabliaux du moyen âge. Il brocarde l’hypocrisie religieuse et la corruption. Rappelons-nous le fabuleux livre d’Umberto Eco où le bibliothécaire de l’abbaye abhorre le rire car il le juge démoniaque. ‘Le rire est un signe de sottise’. Mais heureusement le carnaval est la pour donner au rire une autre couleur.

rire jaune et rire noir, des couleurs pour le rire

Le rire multicolore

Vers le bas moyen âge on voit apparaitre le carnaval : la fête du renversement, la Fête des Fous. L’ordre social est renversé pendant ces journées. Les clercs sont déguisés en bouffons. Le rire est libératoire, subversif et joyeux. Il est rassembleur. On rit en groupe

Mais de multicolore, il peut tout aussi vite redevenir noir, voire glacial. Comme lors des chasses aux sorcières à partir du XVème siècle. On parle de sorcières condamnées qui rient avant leur mort pour défier leurs bourreaux. Un rire terrifiant, diabolique et associé à la possession et à la transgression ultime.

Chez les chevaliers le rire devient courtois.

Le rire or et rouge le rouge une couleur puissante

La noblesse rit avec modération. Le rire reste léger, maitrisé et d’aisance sociale. On ne rit pas vulgaire dans les romans de chevalerie. Pensez donc, rire à gorge déployée ! Un peu de tenue mesdames, que diable. Eh oui toujours lui !  Le rire chevaleresque est un rire noble et modéré. Il ne doit jamais être vulgaire ni incontrôlé.

Il ne devient plus libre et irrévérencieux que dans les farces et les légendes populaires. Les fées et les lutins ont souvent un rire espiègle pour jouer des tours aux humains.
Les avancées de la renaissance voient dans le rire un signe d’intelligence et de liberté d’esprit.

Le rire bleu couleur de liberté

Entre le XVème et le XVIIème siècle les humanistes valorisent l’éducation, la raison et la critique. Le rire devient ainsi un acte de réflexion et de liberté intellectuelle. Montaigne, dans ses écrits, défend le rire. Face aux dogmes et aux superstitions il permet de prendre du recul. Mais la critique est aussi présente dans les pièces de théâtre. Pensez aux médecins dans Le Malade Imaginaire ou aux faux dévots dans Tartuffe. Rabelais, quant à lui, prône plutôt un rire exubérant, carnavalesque.  
Le siècle des lumières valorise un rire intelligent et pédagogique. Il devient ainsi une arme contre l’ignorance. Mais il peut tout aussi bien devenir ironique, critique voire subversif.
Le rire rose, puis rouge puis noir – rose symbole de tendresse, de féminité

C’est l’époque des salons littéraires où raffinement et esprit sont essentiels. Toutefois bien vite le rire devient une arme redoutable vis-à-vis de l’autorité monarchique. Caricatures, pamphlets et chansons ridiculisent la monarchie. Le rire devient révolutionnaire.

Le XXème siècle verra la couleur du rire passer du noir le plus profond pendant les guerres, à une couleur psychédélique pendant les années 70.

 

Le rire suscite toujours plus d’études, de livres et de colloques. On étudie ses fonctions, ses modalités, sa kitchisation ou son histoire. C’est dire l’engouement croissant qu’il engendre. Le discours médical met en avant ses effets thérapeutiques.
Les séances de yoga du rire sont toujours plus nombreuses et appréciées. La couleur de ces séances : multicolores.  Le rire y est bienveillant, parfois enfantin mais toujours chaleureux. N’attendez plus, venez tester une séance de yoga du rire avec Mariegolade.

 

*je peux en rire, je suis rousse

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