Docteur je ne ris plus, c’est grave ? Non, mais c’est dommage !
Le rire semble s’abstraire peu à peu de nos vies. De 20 minutes dans les années 30 nous ne ririons actuellement plus que 5 à 6 minutes par jour.
Assistons-nous à une érosion du rire. Avons-nous perdu le sens de l’humour.
Serions-nous devenus des agélastes, des non-rieurs, en un mot des rabats joie. Des amputés des zygomatiques ?
Alors que quelques 7 % de Français déclarent ne jamais rire, la société de gestion des droits d’auteurs comptabilise 2000 humoristes. Il devrait alors être aisé de trouver son style. Il y en a pour tous les goûts. Mais l’humour est-il indispensable pour rire ?
Les agélastes selon Rabelais
Dans ses œuvres humoristiques, Gargantua puis Pantagruel, Rabelais se moque des agélastes. Décrits comme des personnes incapables de rire, des ascètes de l’humour. Selon lui, en réprimant leurs rires, ils visent un niveau de sagesse supérieure. Ils ciblent un idéal de maitrise. Leur sérieux, leur sagesse seraient gages d’une compréhension profonde des choses. L’absence de rire éviterait également tout trouble de santé, évitant douleurs abdominales, maladies diverses et visages grimaçants. Car oui, lorsque l’on rit nous sollicitons 17 muscles du visage.
L’agélaste selon Rabelais est sage et prudent car il évite les pièges et les situations risquées auxquels le rire pourrait l’exposer. Mais Rabelais ironise.
Son œuvre, publiée en 1534, est une satire de la société de son époque. Il se moque et critique pour mieux souligner l’absurdité de certaines contraintes sociales et politiques. Ne pas rire étant pour lui synonyme de tristesse, de pessimisme et de morosité. Il utilise le terme d’agélaste pour fustiger ceux qui manquent d’ouverture d’esprit, de joie et d’humour dans la vie. Il leur oppose des personnages hauts en couleur, joviaux, voire grotesques. François Rabelais considérait le rire comme un élément essentiel du bien-être humain.
Le rire pour Rabelais
Dans son œuvre, Gargantua ou Pantagruel, Rabelais célèbre le rire. Il loue ses vertus thérapeutiques. Rire aide à surmonter les difficultés de la vie. Il est source de joie, d’énergie et de résilience. Rire est le moyen de se libérer des contraintes de la vie quotidienne, de se moquer des défauts humains et de trouver du réconfort dans les moments difficiles.
La crise de rire
Nous rions moins, à priori, mais pourquoi. Il est difficile de déterminer les sources précises de cette crise. Notre mode de vie, notre individualité, les réseaux sociaux ? Un mode de vie plus stressant ou plus pressant. Moins de temps à consacrer aux activités récréatives, y compris au rire. Trop d’écrans et donc moins d’interactions en face à face avec d’autres personnes. Une évolution de l’humour, ce qui était drôle il y a 50 ans ne l’est pas forcément aujourd’hui. Et même notre personnalité. Notre sens de l’humour plus ou moins développé.
Toutefois tous ces facteurs n’ont pas éradiqué totalement le rire.
Pour preuve tous les centres de yoga du rire où l’on se bidonne… le tout sans humour. Car si le rire est indispensable à notre vie, l’humour n’est, lui, qu’un accessoire.
Les bonnes ondes du rire
Les agélastes vous diront que le rire n’est pas indispensable pour vivre. Certes, mais il est diablement bénéfique pour notre bien-être et notre santé mentale. Il est notre défense contre les émotions négatives. Il renforce nos liens sociaux et nos relations interpersonnelles. N’oublions pas non plus son action physiologique, circulation sanguine et fonction cardiovasculaire améliorées, entre autres. Il nous aide à réduire notre stress, à être plus optimiste, à relativiser. Il favorise un équilibre émotionnel sain.
Notre cerveau ne fait pas la différence lorsqu’il est déclenché par un yoga du rire ou par un humoriste. Les bienfaits que nous en retirons sont les mêmes. De nombreuses cultures considèrent le rire comme un aspect essentiel de la condition humaine, et son absence peut entraîner une diminution de la qualité de vie.
Alors n’hésitez plus, venez pouffer, rigoler ou vous esclaffer. Venez partager les bonnes ondes du rire. Le rire est précieux et bénéfique ; pourquoi s’en priver.